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En 1980, mon père et moi nous installons à Tarbes dans les Hautes Pyrénées où est situé le centre d'instruction d'Héli-Union. Il vient, en effet, à cette époque d'être engagé par cette compagnie (la troisième compagnie hélicoptère du monde à l'époque après une compagnie Texane et Bristow) qui principalement, forme là bas les pilotes militaires étrangers à qui la France vend des hélicos.

Les stages principaux furent les suivants : Libye, Algérie, Angola, Irak, Syrie (un stage 100% féminin !), Tunisie, aéronavale Saoudienne, etc. Bref à l'époque, pas que des pays "diplomatiquement corrects". Mais bon, c'était bien payé (ce qui changeait ) même si le nombre d'heures de vol était très important. En outre sur le plan professionnel les qualifications se multiplient (instructeur IFR multi-moteurs etc.), les machines sont en grand nombre et parfois la gamme au dessus : SA 330 J Puma, SA 342 Gazelle, SA 365 C (et brièvement F) Dauphin 2, SA 315 B Lama outre les habituelles SA 341, SA 316/319 Alouette III et SA 313/318 Alouette II.

23 & 24. Ci dessous, le logo de l'époque avec un SA 330 Puma & à droite le macaron de l'école de Tarbes avec un SA350 Écureuil et en fond le Pic du midi.

25. Ci dessous une photo d'un SA 330 J Puma prise par Peter Tonna à Malte quelques années plus tard à destination de la Libye. Sa taille est assez respectable (L:18,22m pour 7,4 tonnes de masse maximale), propulsé par 2 moteurs Turboméca "Turmo IVC" de 1575 ch, son tableau de bord compte autant d'instruments qu'un avion de ligne des années 1960 avec un radar météo ce qui me laissait à l'époque bouche bée.

26. Ci dessous une SA 316 B Alouette III (de "HU" pour les intimes) va se poser sur une altisurface en montagne. J'effectuais alors parfois des vols comme passager sur ce type de machine, en particulier, je profitais du voyage à l'aller de mon père vers Paris lorsqu'il qui ramenait des Alouettes III au siège d'Issy-les-Moulineaux pour leur grande visite technique.

27. Outre l'écolage qui représentait 90% des missions, quelques activités diverses comme du Sling (c'est à dire de transport de charge à l'élingue) comme ici cette superbe photo Puma d'Héli-Union en train d'installer une remontée mécanique dans les Pyrénées.

28. Manquant pour diverses raisons de photos pour illustrer cette période, ci dessous cette photo d'un SA 365 C2 Dauphin 2 d'Héli-Union qui vient du site de Jean-Marie Mermaz, collègue de mon père à l'époque (voir rubrique liens).

La Chine Populaire fabrique sous Licence la version N du Dauphin 2 (voir la monographie) depuis ces années. La société Héli-Union fut chargé sur place pour la formation des pilotes chinois. Mon père ne fut pas du voyage mais un de ses collègue et ami vécu à cette époque une aventure rocambolesque qui ferait un très beau film. En effet il sortit du pays clandestinement une étudiante chinoise dans la soute du Dauphin pour se marier à Hong-Kong.

29. Ci dessous deux Gazelles de l'ALAT en vol tactique au fond d'une gorge lors d'essais pour le missile HOT d'Euromissile (merci pour la photo) qui illustre parfaitement le vol tactique. Les stages de vol tactique des élèves Irakiens du temps de la guerre Iran/Irak (1980/1988) puis d'élèves Syriennes furent effectués dans la région désertique de Millau et d'autres depuis la base aéronavale de Rochefort. Les Gazelles d'Héli-Union étaient très belles, parfois avec des camouflages fauves, (voir plus loin une vidéo filmée par mon père lors du stage "vol tactique" Irakien dont il rentra d'ailleurs sur une machine avec une fuite d'hydraulique bouchée par un Chewing-gum).

Héli-Union Tarbes et ses élèves avaient quelque chose de folklorique à la grande époque de ce début des années 1980 et ils faisaient rondement tourner l'aéroport de Tarbes-Ossun-Lourdes ("TOL" pour les intimes) spécialement l'hiver (car il y avait peu ou pas de pèlerins par avion l'hiver). Mon père y rencontra d'ailleurs la mère ("aiguilleuse du ciel") de mon petit frère Vincent né en 1983.

La société avec laquelle comme vous le verrez je fus un peu lié sur le papier (entre 1988 et 1990) a d'ailleurs ouvert un nouveau centre de formation à Angoulême sous le nom de "Héli Union Training Center" renouant avec ce type d'activités. Héli-Union est toujours un opérateur important au niveau international (avec de nombreuses activités surtout liées à l'extraction pétrolière). Le groupe s'occupe également de l'entretien d'une partie de la flotte d'hélicoptères militaires français.

30. Ci dessous une Sa 341 Gazelle en peinture fauve. Image extraite du film vidéo VHS sur le stage de vol tactique Irakien d'Héli-Union en 1985.

Pour l'anecdote, des considérations générales sur "HU" (Héli-Union) dans les années 1980 :

- Une personne était chargée de veiller à la virginité des pilotes Syriennes (ce qui, outre le tempérament des pilotes français, n'est pas facile dans une ville de garnison comme Tarbes).

- Heureusement que la plupart des élèves ne buvaient pas d'alcool car des décollages en groupe l'après midi du tout début des années 1980 furent parfois difficiles pour certains instructeurs (autre époque... autres moeurs) après le restaurant et des lâchés peut-être plus précoces que prévu. Il y fut mis bon ordre.

- Quelques années après, en 1989 à la rentrée du Lycée à Paris, je rencontrais par hasard un camarade de classe en provenance directe de Tarbes comme moi. Après présentations, il m'entretint des déboires de son père, à l'époque restaurateur et hôtelier, avec certains élèves arabes de mon père qui avaient une certaine tendance à faire des méchouis dans leur chambres et détruire d'une manière ou d'une autre l'hôtel.

- Quant aux affrontements entre Libyens et Paras Tarbais, ils n'eurent pas lieu qu'au Tchad, mais aussi deux ans avant dans les bars de la ville et... à la grenade s'il vous plait.

- Les hélicos revenaient parfois de leur vols la peinture écaillées par les plombs des chasseurs à la Palombe de la région. En effet, les Pyrénées comportent une sorte de ligne Maginot de casemates et autres miradors d'une densité incroyable ce qui n'est clairement visible que du ciel. Parfois, il s'agissait juste de menaces et j'ai moi même eu l'occasion d'être braqué par un chasseur (étrangement lui aussi en famille) alors que nous allions nous poser dans l'enceinte même de l'aéroport au retour d'un meeting à Poitiers (dont une vidéo est visible plus loin).

- La société était à l'époque équipée de link trainers reliés avec une table traçante (ancêtre des simulateurs de vol informatiques) et il arrivait souvent que les élèves face du vol en "sous sol" !

- Les instructeurs d'Héli-Union étaient tous comme mon père des anciens pilotes militaires de l'ALAT ou de l'Aéronavale. Beaucoup avaient baroudé comme pilote de brousse en Afrique ou ailleurs, leurs carrières qui parfois commençaient pour les plus "moustachus" au début des années 1950 sur "Helldiver", étaient pour moi des aventures fascinantes.

Il existe divers reportages de FR3 sur Héli-Union Tarbes à cette époque qui montrent très bien le volume des activités mais ils sont accessibles uniquement pour les profesionnels via l'interface INA Pro.

Au delà, de ces anecdotes, La société était et est toujours une référence internationale respecté dans le domaine de l'hélicoptère.