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L'aviation militaire française

pendant la Seconde Guerre mondiale


Ci dessus, un North American P51D Mustang aux couleurs d'un F6D du G.R II/33 Savoie de l'Armée de l'Air (au 1er plan un modèle réduit à l'échelle dite "petit gros")

I ) 1939- 1940.

3 Septembre 1939 : la France et le Royaume Uni déclarent la guerre au III ème Reich qui vient d'attaquer la Pologne le 1er septembre. La France est alors une puissance aéronautique majeure [au 16 aout 1939, elle comptait 7450 avions dont 3960 "avions de guerre" même si elle a du retard en matière de renouvellement des appreils mais également sur le plan doctrinal.]

8 Septembre 1939 : les Curtiss H75 du GC I/4 obtiennent les deux premières victoires de la chasse en abattant deux Bf 109, tandis que le même jour, l'Armée de l'air enregistre son premier avion abattu par la Flak au dessus de l'Allemagne (un Mureaux 115 du GAO 553).

Jusqu'au 10 mai 1940 (et l'attaque à l'ouest de l'armée allemande) court la période dite de la "Drôle de guerre", pendant laquelle les deux camps se guettent et les affrontements aériens sont plutôt rares. Au total, ce sont 82 victoires qui furent revendiquées par l'Armée de l'Air pendant cette période.

Le 10 Mai 1940, l'Armée de l'Air compte encore, sur le papier, 1972 appareils de guerre (dont pas moins de 1375 en attente de livraison à leurs unités à l'EAA 301 de Bourges) dont des Dewoitine 520 comme ci dessous !


Ci dessus, un Dewoitine 520 dont relativement peu d'exemplaires environ connurent les combats en 1940
.

En ce jour (du 10 Mai 1940), les combats en Europe de l'ouest sont violents dans les airs; l'aviation néerlandaise fait un "carton" sur les Ju 52 allemands pendant que l'Armée de l'air française se défend bien. Pendant les 6 semaines de combat qui suivent jusqu'au 24 Juin, le tableau se noircit. Selon le Général Wuillemin (le chef d'État Major de l'Armée de l'Air à l'époque), l'Armée de l'Air aurait perdu 892 avions (dont 245 dans des accidents) .

Sans vouloir rentrer trop à fond dans la "polémique" dans cet autre pays... du chauvinisme ("l'autre" d'outre-Atlantique se reconnaîtra), rappelons la modeste réalité aux conséquences historiographiques très ambigües.

En effet, du "mythe" des 919 victoires revendiquées par la seule Armée de l'Air firent dire à certains français (au départ du régime de Vichy puis par tous jusque vers le début des années 2000) de par leurs nombres abusivement gonflés (à plus de 1000), que la bataille d'Angleterre qui allait venir était un peu une "victoire française". Or, seules environ 880 victoires sont à mettre au crédit des Français et des Britanniques (soit 355 pour la chasse française et 525 pour la Royal Air Force). La RAF perdit 1029 avions entre le 10 mai et le 24 juin sur un effectif en ligne, (au 10 mai), de 1873 avions, cela donne la dimension de son engagement.

Au total, à l'ouest les allemands perdirent toutes causes confondues, (DCA, accidents et bien sûr chasse) : 1471 appareils. Les revendications des Belges, Néerlandais, Britanniques et Françaises totalisent 2299 (...cherchez l'erreur même si celà est un décalage assez classique !).

Ces chiffres peuvent s'avérer frustrants pour certains mais ne doivent pas cacher le courage et le sacrifice des aviateurs de l'Armée de l'Air et de l'Aéronautique navale qui versèrent leur sang. Point très important, au delà des polémiques sur le commandement et surtout les doctrinces, il faut souligner le matériel comme les Amiot 143 était dépassé ou plus généralement inférieur, peu [même si les sources sont très divergentes] de Dewoitine 520 de l'armée de l'air participèrent aux combats.

Les raisons de cette défaite de 1940 sont multiples et concernent autant, si ce n'est plus, l'Armée de terre et son organisation. La Marine, pour diverses raisons, qui était mise de côté, sera, de par sa taille, un enjeu politique puissant qui jouera sur la Seconde guerre mondiale dans son ensemble jusqu'aux événements de novembre 1942 (débarquement allié en Afrique du nord, l'invasion de la zone sud et le sabordage de la flotte à Toulon).


Ci dessus le seul MS 406 toujours en état de vol en 2009 au meetingde la Ferté-Alais

 

II ) 25 juin 1940 - 31 juin 1943  : Les FAFL et Vichy

Il est rarement dit que l'Armée de l'Air comptait plus d'avions après la défaite du 24 Juin 1940 qu'avant. Une grande partie de ce potentiel était à l'abri en Afrique du nord (comme des Curtiss H75 comme ci dessous), loin des allemands mais pas des règles strictes de l'armistice.

Il est très important aussi de rappeler que peu de français eurent le courage de dire non et de... "déserter" et nombreux furent les légalistes, les "maréchalistes" (remarquez, que pour cette période de 1940, que je n'ai pas dit "Pétainistes").

Les 1300 morts français de Mers-El-kébir qui est bombardé par les anglais le 3 Juillet 1940, alimentent le réflexe anti "rosbif" primaire de certains français (fortement présent depuis La Guerre de cent ans), mêlé d'un repentir entretenu par le régime collaborateur de Vichy. On bombarda même Gibraltar ("le caillou") depuis l'Afrique du nord en réponse après le feu vert allemand.


Ci dessus, un Curtiss H-75 C du groupe Lafayette vu au Bourget. Il s'agit d'un P40 avec un moteur en étoile.

Les nombreux personels navigants et mécaniciens (10 000) polonais ou tchécoslovaques qui s'étaient battus avec la France repartent en Grande-Bretagne pour continuer à se battre.

Dès lors l'Armée de l'Air, à l'instar de l'armée française se coupe en deux :

L'une passant dans la France Libre du Général de Gaulle en "volant" parfois son matériel puis en intégrant la Royal Air Force. (Je vous invite vivement à lire, voir les documents qui existent sur ces hommes passionnants qui s'engagèrent dans les Forces Françaises Libre (FFL) et leur composante aérienne que furent les Forces aériennes Françaises Libres (FAFL) qui combattirent sous l'uniforme britannique de la RAF).

Les Forces Ariennes Françaises Libres (qui furent, finalement absorbées par l'Armée de l'Air, recréée le 1er juillet 1943) comptèrent au total entre la défaite de 1940 et le 1er août 1943 : environ 4850 hommes (pas simultanément) mais d'autres sources (comme la revue Icare) indiquent seulement 1019 engagés jusqu'au 8 novembre 1942 ayant droit au titre FAFL suivant l'odonance 45-2718 au J.O. du 5 novembre 1945.

Les pertes s'élevèrent à 500 morts et 152 prisonniers (d'après le SHAA). De ces français, seuls 14 participèrent à la bataille d'Angleterre, au total en 1940. Il y eu 287 pilotes FAFL sur 604 PN (personnel navigant) dans la RAF jusqu'en novembre 1942 : 132 pilotes furent tués avant le débarquement du 6 juin 1944 et 75 tombèrent par la suite, il restait donc 80 pilotes FAFL vivants (suivant le critère l'odonance de novembre 1945 prenant en compte les engagés avant le 8/11/1942) à la Libération.

A titre d'exemple, pour ce qui est des autres types de personnels, il ne restait plus à la fin de la guerre que 22 membres français des SAS (Special Air Service) survivants sur les 215 SAS français (engagés avant le 8/11/42) qui dépendaient des FAFL (soit 90% de pertes !)... Quel taux !

A noter que quelques personnels sous l'uniforme de la Royal Air Force n'ont cependant jamais été comptés comme FAFl comme Régis Deleuze (pilote de Tempest mort au combat février 1945).

 
Ci dessus, un film des actualités de l'Office Français d'Informations Cinématographiques de 1944 montrant l'inspection du Général De Gaulle du Groupe de Chasse "Air marine" Ile de France (alias n°340 Squadron) sur Spitfire le 7 janvier 1942. Ce film (dans le domaine public) est diffusé (ici gratuitement) par l'INA.

Ce petit nombre d'hommes sauva l'honneur de l'aviation française sur Glenn Martin 167 F au fin fond du Sahara dans les Free French Flight ou aux commandes de Spitfire en Grande Bretagne au sein de la Royal Air force. Condidérés comme des déserteurs, condamnés à mort par le régime de Vichy, et pour ma part, je ne veux pas qu'on relative leur engagement en le dilluant dans l'engagement des forces françaises pendant la Guerre. Souvent on emploi, à tord et à travers, le terme de "héros" mais eux le sont certainement et ce, sans ambiguités, autant par leur choix que leurs combats.


Ci dessus, le Spitfrire MK XVI préservé au MAE qui aux couleurs du n°340 squadron "Ile de France" de la RAF qui fut une unité "purement" FAFL. Le code de leurs Spitfire fut GW.

L'autre... "Armée de l'Air" reste fidèle au Maréchal Pétain et petit à petit s'enfonce avec lui dans une collaboration de plus en plus concrète jusqu'en novembre 1942 (et parfois après..). "L'Armée d'Armistice", c'était, en 1941, au minimun, hors Gendarmerie, 550 000 hommes (avec les colonies) dont de 42 000 à 80 000 (suivant les sources) dans l'Armée de l'Air de Vichy soit un ratio minimum de 1 à 20 entre les deux "Armées de l'Air" !

Le régime de Vichy, non content de collaborer en facilitant le travail de l'occupant, lui livra de son plein gré des centaines d'avions (en plus de ceux qu'il saisit) comme des D520 ou des Leo 451. N’oublions pas également, outre l’affaire de Dakar, qu’à l'Été 1941, au Levant (Syrie, Liban) que l'aviation de Vichy livra bataille aux forces du Commonwealth (Royal Navy, Australiens, etc.) et aux Forces Françaises Libres (FFL) !

Suite au débarquement anglo-américain en Afrique du Nord, "l'Opération Torch" le 8 novembre 1942, l'armée de Vichy combattit (certes brièvement, mais violemment) les forces alliées (ce que certains voudraient oublier), faisant 1400 morts français et 500 alliés qui se rajoutent aux milliers de tués et blessés du Levant. Les "destructions" en Afrique du Nord sont alors de 472 appareils de l'Aviation de Vichy ne laissant sur place que 250 avions majoritairement déclassés qui auront parfois cependant une certaine utilité.

Dès la fin du mois, le reste des avions de Vichy en France métropolitaine fut pris par l'Axe (pour principalement alimenter les écoles), laissant encore étonnamment (ce qui est très peu connu), en 1943, une DCA sur rails d'un effectif théorique de 18 000 hommes et une administration de plusieurs milliers d'hommes qui collaborèrent avec les allemands jusqu'à la libération du territoire, pendant que le service secret de l'air lui, curieusement continua d'espionner... les allemands !

Du côté de la Marine (via l'Aéronautique Navale) signalons juste le porte-avions Béarn immobilisé aux Antilles jusqu'en juin 1943 et que ses avions furent brûlés pour ne pas servir les alliés... avant que le batiment ne connaissent une refonte aux Etat-Unis. La Marine, a d'ailleurs peut-être, plus encore que l'Armée de l'Air ou de Terre, connu en "moyenne" (même avec de glorieuses exceptions FNFL), une posture que l'on peut qualifier pudiquement de "conservatrice" et des jours bien sombres entre 1940 et cette affaire des Antilles.

La petite histoire de l'Aviation française de Vichy n'est peut-être qu'un "détail" face : aux lois de Vichy sur le statut des juifs, les 3 à 5 millions de lettres de dénonciations de la France occupée, aux milliers d'autres français qui combattirent avec ou pour l'ennemi au sein de la LVF (dans les SS), de la Milice, de la Gestapo française (la Carlingue), de la Gendarmerie et la police "nationale" française (dont les RG ou les GMR alias Groupes Mobiles de Réserve [futurs CRS] qui furent très actifs contre la résistance), de l'Armée de Vichy (lors des opérations face aux alliés en AFN, au Levant ou à Madagascar), etc. ... mais elle a son importance.
Dans une France qui met du temps à regarder son histoire en face en la redécouvrant constamment (après la "France résistante" vue des années 1950-1960 ou la prise de conscience sur la collaboration des années 1970) ces "détails" sont bon d'être rappelés.

Cette histoire reste une profonde blessure pour la France mais la passer sous silence ou même la simplifier est, à mon sens, dangeureux.

Ces quelques lignes m'ont d'ailleurs attirés les foudres de certains internautes dont je ne suspectais pas le nombre. Pour ma part, je suis contre toute forme de réahabilitation du régime de Vichy, banalisation symbolique ou "héroïsation" de ses équipages. Tirer contre un avion allié n'était pas un "devoir au dessus de tout" mais une "faute morale".

A mon grand regret cependant, la vision hagiographique ou simplement la banalisation du discours sur les couleurs de l'Armée de Vichy sont présents non seulement dans les revues, les jeux mais aussi sur des pages des services publics français depuis au moins une quinzainne d'années. Le 10 octobre 2014, j'ai, par exemple, repéré sur la page defense.gouv de facebook, une photographie d'un Curtiss H75 aux couleurs de Vichy placée par l'algorithme du réseau social en tête d'un album sur les "grandes heures de l'aviation française". Je pensais sur le moment à une simple erreur (car une simple bande blanche est difficile à identifier pour un non-spécialiste) mais, après protestation de ma part, la réponse d'un historien mandaté m'a montré qu'incontestablement mon point de vue n'était pas partagé par tous, donc acte et déprime de mon côté face à certains de mes engagements citoyens.

Certains combats mémoriels sont donc encore très actuels pour rendre hommages aux français libres.

En 2017, plusieurs interventions présidentielles ont, à mon sens, gravement nourri la confusion en revenant sur l'Ordonance (toujours en vigeur) du 9 août 1944 promulguée par le gouvernement provisoire de la République française (GPRF) relative au rétablissement de la légalité républicaine qui invalide le régime de Vichy. La question de savoir, de façon transpartisane, si Vichy était la France ou les actes de certains français se pose à nouveau en laissant de façon inatendue dans l'ombre la France Libre et ceux qui avaient su dire "Non" .

La blessure est toujours ouverte et c'est aussi pour cette raison qu'aucun avion du régime de Vichy n'est en photo sur cette page... (Il n'en manque pas ailleurs).

 

III ) 1943 - 1945 : Les Forces Aériennes Françaises (FAF)

Très vite, sur la volonté politique des américains (qui "jouèrent" pourtant Vichy contre De Gaulle bien encore après le débarquement de novembre 1942), les alliés décident de ré-équiper massivement l'aviation militaire française dans le cadre d'un accord "lend and lease" (prêt bail) représentant 6,42% du total du plan.

Le Groupe de chasse Lafayette est le premier à être ré-équipé dès le 8 Janvier 1943 (en Curtiss P40 F puis L Kittyhawk) et est donc opérationnel avant le départ des forces de l'Axe en Tunisie bien que deux pilotes se soient "fait la malle" avec leurs avions vers la France occupée ce qui faillit avoir des conséquences politiques et que le solde des opérations soit, à court terme, négatif pour l'unité. [Je n'ai d'ailleurs trouvé que mi 2019], l'issue de cette petite histoire dans la Grande et elle n'est pas bien jolie, voir ce journal Suisse de 1946 en page 4 qui relate le procès et la peine plus que symbolique pour les deux aviateurs qui s'engagèrent dans la compagnie Lufthansa et reprirent une vie normale par la suite].

Officiellement, au 1er juillet 1943, les Forces Aériennes Françaises Libres gaullistes (F.A.F.L) furent rejointes par l'aviation militaire du régime de Vichy en Afrique du Nord et fusionnent comme Les Forces Aériennes Françaises (FAF) dont "l'Armée de l'Air" pour lutter contre l'Allemagne. Dans la réalité ce fût cependant l'inverse face à la supériorité numérique des personnels venant de l'Armée de l'Air de Vichy. Le mélange troupes de Vichy et FAFL se fait surtout par un jeu de mutations subtiles, même si après cette "réunification" la défiance reste présente entre les ennemis d'hier.

Le groupe de chasse / régiment « Normandie-Niémen », d'origine FAFL et créé en septembre 1942 avec un effctif FAFL. Il ne commença cependant le combat qu'en 1943 avec un effectif mixte trouvant dans le combat la force d'une réunification totale, y compris, sur le plan moral. Cette unité aura marqué les relations franco-russes d'une façon durable ce qui est aujourd'hui un fait grandement sous-estimé en France.


Ci dessus, le Yak 3 du Normandie-Niemen préservé au Musée de l'Air et de l'Espace

Si certaines nouvelles unités comme le groupe Berry, en Angleterre, sont composées de français libres comme des "'évadés d'Espagne", pour le reste il s'agit, dans l'ensemble, d'anciens de Vichy qui, peut-être par ce qu'ils n'ont pas démérité à partir de cette date, se retrouveront en nombre aux commandes de l'Armée de l'Air de l'après-guerre alors que les FFL d'origine auront été laminés par les années de lutte (voir plus haut). Une autre raison de cette effacement est lié au fait que le commandant des FAFL, le général Valin, aura le courage politique de se mettre en retrait pour facilliter la réunification et la réconciliation nationale voulu par le général de Gaulle.

Il se s'agit pas de dire pour moi que les anciens de Vichy qui ont combattu, à partir de l'Eté 1943, les allemands n'ont pas démérités ou (à partir de cette date) fait leur "devoir", mais je suis allergique au discours relativiste (des années 1990) et parfois même "sur-compensatoire" (depuis les années 2010) qui cherche a effacer, d'une façon ou d'une autre, le mérite de ceux qui se sont engagés dans les Forces Aériennes Françaises Libres au risque de tout perdre et sur la base d'une autre conception de l'honneur et de l'obéissance qui a toujours un sens aujourd'hui.

Il y avait une "vision" chez ces jeunes gens de 1940 à nager vers des navires britanniques en plein Mers El-Kébir pour piloter à tout prix un Spitfire contre les envahisseurs sans trahir l'idée même de la France alors que parfois ils n'avaient même pas entendu parlé du Général de Gaulle. C'est à mon sens très beau et cela doit rester un exemple riche d'enseignements pour l'avenir.

Les FAFL doivent continuer d'être célébrés pour celà, bien après leur mort.


Ci dessus un Martin B26G Marauder, matériel livré à de nombreuses unités en AFN et préservé au Musée de l'Air.

L'aviation militaire française vole, dès cette réunification de l'Eté 1943, sur tous les fronts sur P39, P38, P40, P47, P51, Spitfire, Yak 9 puis 3, Halifax, Boston, B26, L4, C47, Shunderland, Catalina, Dauntless, etc. Mais aussi toujours quelques avions français récupérés, de ci de là, comme par exemple à la Libération des D520 (ex allemands), des Glenn Martin 167 F, Latécoère 298 conservés par miracle, etc.

Son volume est alors en forte croissance et le nombre de navigants formés comptera beaucoup dans les années suivantes de même que la reconstruction d'infrastructures aéroportuaires détruites par les combats.


Ci dessus Piper Cub aux couleurs d'un L4 Grasshopper de la 2ème DB qui équipaient les divisions françaises pour du repérage d'artillerie (missions et avions qui, quelques années plus tard, vont donner naissance à l'ALAT à partir de 1954).

Au 6 juin 1944, le Lorraine qui s'est couvert de gloire dans le désert au sein des FFL, ouvrira le bal des fumigènes et des marquages (pathfinder) du "jour J" avec ses Boston. Les combats de la libération sont acharnés et le 31 Juillet 1944, le commandant Antoine de Saint-Exupéry, en mission sur un Lockheed P38 (un F5B de reconnaissance) du G.R II/33 disparait en mission.


Ci dessus, un de ces avions à une date indéterminée (mais probablement plus en 1945) via le photogramme d'un film 16mm de ma collection sur de formation à l'Appui rapproché.

Enfin, la guerre en Europe achevée, en juin 1945, les pilotes du "Neu-neu" (le régiment Normandie-Niemen) reviendront de Russie avec 272,5 victoires homologuées et propriétaires (à titre privé !... mais pas pour longtemps) de leur Yak 3 comme récompense et cadeau (de Staline). (Par manque de pièces détachées, l'unité sera alors rééquipée en Fw190 provenant du centre de réparation de Cravant dans l'Yonne dont j'ai posté une photo dans la partie production du site).

Nombres d'unités et de personnels volent encore organiquement sous commandement tactique de la RAF jusqu'au 24 novembre 1945, comme par exemple le GC IV/2 "Île de France" qui s'appelle donc aussi le RAF n° 340 Squadron auquel je consacrais une partie de ce site Internet dans les années 2000-2014.

Les forces se sont finalement reconstruites assez vite, pour aboutir à une Armée de l'Air, quantitativement respectable au 8 mai 1945 comme le montre l'organigramme incomplet que je propose pour ce site.
Cette liste est très impressionnante de par la variété des appareils en ligne dont l'origine est à la fois d'origine américaine, britannique, allemande et française.

Elle participe aussi à matérialiser la place de la France comme "Grande-Puissance" en 1945 même si elle le doit politiquement principalement aux britanniques et à la relation personnelle Churchill-de Gaulle.


Ci dessus, une version française du Storch dans la version avec un moteur en étoile MS 505 le "Criquet" au sortir de la guerre.

De plus, le redémarage d'une l'industrie nationale aéronautique est permise par l'expérimentation d'aéronefs allemands (Do335, Me262, He177 ..).

La fabrication (Fi156, Do24, Ju52, Ju188) ou simplement l'assemblage d'avions allemands (Fw190, Ju88, Me108, Siebel 204) reprend alors en France avec parfois (de nouvelles versions le Nord 1000, 1001,1100, NC 701, 702, SIPA10 etc..) ou même (via le Fa223) le démarrage d'une l'industrie nationale dans le domaine de l'hélicoptère (qui sera une grande réussite mondiale jusqu'à aujourd'hui).

Ci dessus, un Nord 1100 Ramier, un dérivé français du Messerschmitt Me 108 Taïfun.


Ci dessus, une image exceptionnelle et exclusive d'un Me 262 B Français provenant d'un bout de film 16mm (qui était considéré comme de l'amorce et numérisé par accident à l'envers). Je l'ai repéré dans une mission d'indexation que j'ai réalisé en 2015 pour la DGAC. La date et la localisation sont incernaines (mais il y avait aussi un Do335, un Ju88 et un second Me262 à l'état de simple épave).


Suite à une conférence pour le GIACRE (début 2023) et à  la demande d'historiens de l'aéronautique, ci après, la vidéo de la mise au pilon de cet appareil et un Do 335 français. vous pensiez ne jamais voir ces images ! Et bien voilà !... Il s'agit d'un document exceptionnel que je mets en ligne. Un miracle qui vient du fonds d'archives du STAC de la DGAC. Ce dernier comporte d'ailleurs de très belles images de la remonté en puissance de l'aviation française dans les années 1950.


Avec plus de 150 000 hommes et plus de 40 groupes (escadrons) l'Armée de l'Air a peut-être paradoxalement définitivement atteint son pic de puissance à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Cependant, à titre personnel, je pense que la part de l'influence des anciens des FAFL sera moindre que celle des anciens de Vichy (ce qui a laissé, pendant longtemps, des traces troublantes sur de nombreux plans). Cela n'enlève rien, bien au contraire, au courage et aux mérites des FAFL comme ceux du groupe de chasse "Ile de France" alias n°340 squadron de la Royal Air Force qui comme bien d'autres unités a perdu 30 pilotes pendant le conflit [L'unité de l'Armée de l'Air est aujourd'hui en sommeil suite au retrait de ses Mirage 2000 et porte fièrement ses origines FAFL].

Je pense également qu'il faut être attentif à la question historiographie. C'est pour cela que j'ai voulu créer sur ce site une autre page sur la question de la place des FAFL dans le jeu vidéo aujourd'hui en prenant l'exemple de War Thunder et du retard et le coté très incomplet d'un French Tree dans le jeu.

J'ai la conviction que c'est une question très importante pour qui mesure l'influence en matière de "Soft power" / d'influence ou d'éducation à l'histoire pour les plus jeunes de ce type de jeux de simulation.

Bibliographie partielle "print" :

Le Fana de l'Aviation hors série N°15, L'Armée de l'Air dans la seconde guerre mondiale 1943-1945 L'honneur des ailes françaises, Editions Lariviere, Clichy, France, juillet 2001
Le Fana de l'Aviation hors série N°11, L'Armée de l'Air de Pétain 1940-1942 Les gardiens du ciel de l'Empire, Editions Lariviere, Clichy, France, novembre 1999.
Le Fana de l'Aviation hors série N°10, Les forces aériennes françaises libres 1940-1943, Editions Lariviere, Clichy, France, juin 1999.
Air Actualités le magazine de l'Armée de l'air n°473, Il y a 50 ans : les ailes françaises et la libération, Sirpa Air, Juin 1994.
Armées d'aujourd'hui n°190, il y a cinquante ans la Libération, Sirpa, mai 1994
Aéro Journal Hors-série n°6, Le bombardement français Tome II 1940 / 1945, Aéro-editions International, Agen France, mars 2004.
Aéro Journal N°9, Aéro-editions International, Agen France, novembre 1999.
Aéro Journal N°15, Aéro-editions International, Agen France, avril-mai 2010.
Connaissance de l'Histoire N°53, L'Aviation française 1940-1945, Hachette, février 1983.
Wing Masters hors série N°3, L'Aviation Française au combat 1940-1945 Des FAFL à la reconstitution de l'Armée de l'Air, Histoire & Collections, Paris, 2002.
Icare n°143, Les forces aériennes françaises libres tome 5 : 1943/1945 les chasseurs français en Angleterre, seconde édition, octobre 1999.
L'Armée de l'Air des années noires 1940-1945, Claude d'Abzac-Espezy, 1998.
Nouvelle Histoire de l'Armée de l'Air et de l'espace, Jérôle de Lespinois [Dir.], 2022.

Gusto. Le groupe de chasse Île-de-France 1941-1945 - 340 Sqn RAF. Frédéric Bruyelle, Ed Artipresse, juillet 2010
L'Aéronautique navale française au Royaume-Uni (1940-1946), Jean-Marie Commeau, éditions ARDHAN, juin 2000.
L'Encyclopédie des Armes, Editions Atlas, Paris, 1983-1986.
Late Marque Spitfire Aces 1942-45, Dr Alfred Price, Osprey Aircraft of the Aces 5, Ed Osprey Aerospace First published in Autumn 1995.
Squadron Signal in Action, Armee de l'Air, A Pictoral History of French Air Force 1937-1945, Squadron Signal pulications 1976.
Squadron Signal in Action N°39, Spitfire in Action, Squadron Signal pulications 1980.
Le Grand Cirque Mémoires d'un pilote de chase FFL dans la RAF , Pierre Clostermann, édition définitive de 2000 (1ère 1948), Flamarion 2001
Le site en ligne du SHD (le service Historique de la défense ) avec la liste des pertes au combat à http://www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr/
Des hommes libres (documentaire TV de 4h réalisé par Alain Ferrari en 1998) basé sur des interview d'anciens des FFL par Roger Stéphane dans les années 1960. Le livre par Daniel Rondeau et Roger Stéphane, Des hommes libres : La France libre par ceux qui l'ont faite, Paris, Grasset, 1997.